Après de nombreuses années de pratique
de la photographie noir et blanc, c’est par hasard
que j’ai commencé à faire de la
couleur. Lors d’un achat d’un nouvel appareil
d’occasion, j’ai souhaité réaliser
au plus vite une pellicule diapositive afin de constater
que ma nouvelle acquisition était en état
de fonctionner correctement. D’un point de vue
technique, contrairement à la photographie utilisant
le procédé négatif, la diapositive
ne permet pas l’approximation lors de la mesure
de la lumière. De cette façon, si mon
nouvel appareil photographique avait eu une défectuosité
au niveau de la cellule posemètre ou même
au niveau des vitesses d’obturation, ces anomalies
auraient été vite diagnostiquées.
J’ai donc fait à la va-vite des images,
me concentrant sur rien, en cherchant avant tout à
mettre en difficulté ma nouvelle acquisition.
J’ai par la suite donné à développer
ma cartouche dans un labo. Chose exceptionnelle, car
à l’époque je réalisais moi-même
mes tirages noir et blanc passant de nombreuses heures
enfermé dans l’atmosphère écarlate
et humique du laboratoire du photo-club, jusqu’à
un certain écœurement parfois.
Le résultat fut pour moi une révélation
: Il était possible de photographier en couleur
ou plutôt de représenter le monde en couleur,
tel qui nous apparaît. Pendant tant d’années
j’avais imaginé mes prises de vue que d’un
point de vue bi-chromique. Les couleurs représentant
alors un danger de «divertissement» pour
le regard du photographe et du spectateur, une sorte
de dissipation, persuadé aussi que l’Acte
Photographique était indissociable de ces deux
couleurs délimitant une infinie gamme de gris.
Depuis ce constat, mon jugement a évolué.
Ma pratique de la photographie aussi au point que pendant
de nombreuses années (1998 à 2004), je
n’ai travaillé qu’en couleur. C’est
cette découverte, ou plutôt de cet émerveillement
que je vous propose de partager.
Résolument vide de toutes informations concernant
les lieux représentés, ces images n’ont
pas pour objectif de porter en elles un quelconque témoignage
sur l’époque dont elles sont issues.
C’est dans une démarche volontairement
graphique et coloriste que je me suis inscrit, me concentrant
sur très peu d’éléments (ou
de couleurs) lors de la prise de vue. Juste des détails
des environnements aperçus au cours de déambulations,
guidé le plus souvent par le hasard.
Mes images sont avant tout des décors, petits
ou grands, dont je l’espère se dégage
un certain onirisme. |